lundi 16 mai 2011

象鼻村裡的野桐工坊 - Le village du Nez de l'Eléphant et l'atelier de Yuma Taru

Dimanche matin 8h00, je commence mon voyage vers l'atelier de Yuma Taru, dans le "village du Nez de l'Eléphant", dans le district de Miaoli. Je prends d'abord le train de Taipei vers Fengyuan (environ 2h - 2h30, voir les horaires sur le site de Taiwan Railway), où après un déjeuner végétarien, je visite le Musée du Vannage. Ensuite, un bus m'emmène dans la petite ville voisine de Dongshih, où je dois prendre un autre bus qui fait le chemin dans la montagne (voir les horaires). Les horaires ne sont pas très pratiques, mais on fait avec... C'est donc après une heure de virages que je suis arrivée au centre culturel du village Shilin ; là, le patron de l'hôtel, monsieur Wu, que j'avais réservé la veille est venu me chercher pour m'emmener jusqu'à Xiangbi Cun.

La maison de Monsieur Wu.
Monsieur Wu m'a ensuite emmenée faire le tour du village, c'est-à-dire qu'il m'a présentée à tout le monde, puisque tout le monde se connaît ! Le cousin, le neveu, le fils, l'épouse du fils du neveu du cousin, les petits-enfants... c'est comme si le village entier faisait partie de la famille. Les Atayal sont vraiment des gens très accueillants et très chaleureux ! Ils ont le cœur grand ouvert : "si quelqu'un a besoin de quelque chose, nous le lui donnons, dans la mesure du possible. Si nous n'avons besoin de rien, alors nous ne demandons rien en échange. C'est simple."



Après les présentations, nous nous dirigeons vers l'atelier de Yuma Taru. J'ai un peu le trac ! D'autant plus qu'il semble que tout le monde est très occupé. Il s'avère en fait qu'il y a eu un petit malentendu entre moi et le jeune homme qui m'avait répondu fin avril. L'exposition aux magasins Mitsukoshi se déroule à partir du surlendemain (et non pas à partir de la semaine dernière !) et la grande majorité des pièces est déjà emballée, prête à partir pour Taichung. En plus, Yuma Taru est en plein entretien avec des clients, les jeunes de l'atelier ne savent plus trop où donner de la tête, les métiers à tisser se reposent. Oups, je suis vraiment embarrassée... Je me présente brièvement à Yuma Taru, qui a la grande gentillesse de m'accueillir tant bien que mal. Elle est tout aussi désolée que moi et m'explique que en général, il est très difficile d'obtenir un rendez-vous à l'atelier : "nous sommes toujours débordés !". Alors, puisque je suis là, elle demande à la jeune et jolie Yagah Buyung (en langue atayal - son nom chinois est Li Rui-Ping 李瑞萍) de me montrer une présentation de l'activité de l'entreprise.

La boutique de l'atelier.
(la photo n'est pas de moi, quand je suis arrivée, c'était le désordre du départ)
Yuma Taru était au départ professeur à l'université Fu-Jen, département du Textile et de l'Habillement. Elle enseignait les théories et les techniques d'autres artistes. Mais un jour, elle a décidé de devenir artiste elle aussi, de créer ses propres tissus, de faire ressusciter les costumes et les motifs atayal d'autrefois. Alors, elle a démissionné de son confortable poste de professeur d'université. Monsieur Wu m'a raconté qu'à cette nouvelle, la famille de Yuma n'a pas été très heureuse : "quand Yuma reviendra, ne lui donnez pas à manger, ne vous occupez pas d'elle. Elle qui a "réussi", il ne faut pas qu'elle revienne dans les montagnes et qu'elle travaille dur pour obtenir seulement quelques sous...". Cela a été difficile, mais Yuma était déterminée. Le projet de l'atelier Ye-Tong est organisé sur 30 ans : tout d'abord, Yuma et ses partenaires ont passé une bonne dizaine d'années à écumer les musées (et pas seulement à Taiwan. Alors qu'ils occupaient l'île (1895-1945), les Japonais ont rapporté des tissus et des costumes pour leurs études ethnologiques) et les villages atayal afin de collecter des renseignements : motifs, teintures, fibres utilisées, tout est passé à leur examen minutieux. Les dix années suivantes ont été consacrées à l'établissement de l'atelier : les femmes et les jeunes du village Xiangbi se sont rattachés au projet, et ont contribué à la renommée croissante de l'atelier Ye-Tong ; les tissus et les costumes fabriqués aujourd'hui sont parfaitement identiques à ceux des anciens Atayal. Enfin, Yuma Taru espère que les prochaines années verront la naissance d'une école au village, école qui serait construite dans l'esprit de la Green School de l'île de Bali en Indonésie (voir www.greenschool.org) et qui aurait pour mission de former les jeunes du village (ici, la grande majorité des habitants n'ont suivi que l'éducation obligatoire avant de retourner au village travailler dans les champs de kaki) et de perpétuer la culture des Atayal.

L'atelier Ye-Tong.


Rui-Ping m'a aussi montré un livre écrit pour le Musée National de la Préhistoire : Reapparance of Atayal “重現泰雅”. Yuma Taru y a contribué. Ce livre est très intéressant pour ce qu'il présente les différentes tribus atayal, leurs coutumes et leurs vêtements. Nous avons discuté si longtemps que quand Yuma Taru m'a raccompagnée chez Monsieur Wu, celui-ci avait déjà dîné et son fils avait fermé sa boutique de nouilles. Alors, nous sommes descendus au  village Shilin. Là j'ai pu déguster des rouleaux de printemps faits maison par une jeune fille vietnamienne chez une ancienne travailleuse de l'atelier Ye-Tong, Syox Suyen. Celle-ci s'est aussi montré très chaleureuse envers moi et m'a parlé son prochain projet : réaliser une parure de guerrier atayal, brodée de perles en coquillages, à partir de documents fournis par un collectionneur. De quoi faire rêver.



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