jeudi 16 décembre 2010

五都選舉:結果呢? - Résultats des élections municipales

Les Taiwanais sont plutôt impliqués dans la vie politique de leur pays, en témoigne le taux de participation aux élections municipales de novembre (72%).

J'ai parlé juste auparavant de la traditionnelle division Nord bleu/Sud vert ; ces élections n'échappent pas à la règle. Ainsi, Taipei, Xinbei et Taichung restent dans le camp du KMT alors que Tainan et Kaohsiung demeurent les bastions du DPP. Deux points sont cependant à ajouter.

Tout d'abord, le résultat global par parti politique montre une préférence pour le DPP (49,87% des votes cumulés) au désavantage du KMT (44,54%). Les Taiwanais seraient-ils déçus de leur gouvernement et de leur président actuel ? Quant aux "Sans Parti", les inclassables, les hors-normes, ceux-là arrivent quand même à remporter presque 5% des voix, ce qui n'est pas rien. Je repose ma question : les Taiwanais seraient-ils déçus de leurs partis politiques en général ? 5% de "sans parti" + 28% de non-participants  = pas mal de remise en compte du système. Ou bien, pas mal d'appréhension quant aux rapports avec la Chine. On oublie tout et on rejoint Hong Kong et Macao sous la houlette de Pékin la communiste avec quelques "mentions spéciales" de province de Chine ?  On y va carrément et on proclame l'indépendance de Taiwan (et non plus "République de Chine"), on change le drapeau et on entre enfin à l'ONU, peu importe ce que peut penser le vilain méchant chinois qui nous menace de ses  missiles ? Ni l'un ni l'autre, voilà peut-être ce que se disent ces 33% de Taiwanais. 

Ensuite, un évènement a certainement eu sa part d'influence dans les résultats des votes de la capitale, Taipei. La veille du scrutin, Lien Sheng-Wen, le fils de Lien Chan, un important politicien du KMT, a été blessé par balle lors d’un discours pour un candidat du KMT. Une personne en fauteuil roulant qui se tenait près de la scène est décédée lors de cet attentat. Moins d'une demi-heure après l'incident, Monsieur Lien père est intervenu et a appelé à voter pour le candidat du KMT, Hau Lung-Pin, seul apte à résoudre "le fléau de la violence". La cote du candidat adverse, Su Tseng-Chang, alors en avance dans les sondages, en a pris un coup et c'est finalement M.Hau qui a été élu à la mairie de Taipei. L'attentat serait-il l'oeuvre d'un gang indépendant, d'un mercenaire du DPP ou bien serait-il une mise en scène orchestrée par le KMT pour s'attirer la sympathie des électeurs de Taipei ? En surfant sur le web, j'ai appris qu'en 2004, le président Chen Shui-Bian, alors en difficulté dans les sondages, a été légèrement blessé dans des circonstances mystérieuses alors qu'il visitait sa ville natale, Tainan. Que dire, que penser ? 

Affiche électorale de Lai Qing-De : "Voir l'Avenir"

Ici, à Tainan, c'est Lai Qing-De 賴清德 du DPP qui accède à la mairie,  dépassant largement son adversaire du KMT, Kuo Tien-Tsai 郭添財 avec 60,41% des voix contre 39,59%.

Tous les résultats par ville sur Taiwan Mag.





















Petit exposé sur le paysage politique taiwanais

Avant les résultats des élections, laissez moi planter le paysage. A Taiwan, on peut dire que la politique se résume à deux partis : 

25px Emblem of the Kuomintang.svg  Résultats des élections 3in1Le Kuomintang (KMT), littéralement "parti nationaliste", Guo Min Dang 國民黨. Créé en Chine par Sun Yat-Sen après la révolution de 1911 qui établit la République de Chine, le parti suit à l'époque les "Trois Principes" qui sont démocratie, socialisme et nationalisme anti-impérialiste. Après s'être entendu avec le Parti Communiste Chinois pour mater les seigneurs de la guerre, le KMT, alors dirigé par le général Tchang Kai-shek, se retourne contre ses alliés communistes et il s'ensuit une guerre civile parti contre parti qui dure jusqu'en 1949. Cette année là, Tchang Kai-Shek s'enfuit à Taiwan avec ses troupes et ses partisans ; il y maintient le gouvernement de la République de Chine, en faisant ainsi scission avec la Chine communiste de Mao (République Populaire de Chine). Voilà pour la petite histoire. Aujourd'hui, le KMT pratique une politique de rapprochement avec la Chine continentale. Taiwan est sous un gouvernement KMT depuis les élections présidentielles de 2008, qui ont vu le candidat du parti Ma Ying-Jeou (馬英九) devenir le nouveau président de l'île.

Fils de Taiwan, Chen Shui-Bian
25px Green Taiwan in White Cross.svg  Résultats des élections 3in1Le Parti Démocrate Progressiste (DPP), Min Jin Dang 民進黨. Fondé en 1986, le DPP a été le premier parti politique autorisé depuis la fin de la loi martiale en 1987. Le DPP considère que Taiwan est un Etat indépendant et souverain et non pas une province de Chine. C'est seulement en 2000 que le DPP gagne pour la première fois les élections présidentielles, mettant ainsi fin au règne sans partage du KMT sur le pays. Le nouveau président Chen Shui-Bian (陳水扁) entreprend alors des politiques de détachement de la Chine continentale.  Les efforts sont timides, mais l'idéologie est là et cela ne plaît pas à la Chine. C'est encore une fois la crise dans le détroit de Formose. En 2008, l'année des élections, Chen Shui-Bian est accusé de corruption et de détournement de fonds ; de même que son épouse, il est jugé et condamné par la justice taiwanaise à la réclusion criminelle à perpétuité.

Les années récentes ont vu la création d'autres partis politiques qui se sont finalement ralliés au KMT ou au DPP afin d'obtenir une visibilité politique et de gagner de l'influence. Deux coalitions ont donc été formées : la coalition pan-bleue ("Les Bleus") rassemble le KMT, le Taiwan First Party (Qing Min Dang 親民黨) et le petit Nouveau Parti (Xin Dang 新黨), favorables au rapprochement avec la Chine ; la coalition pan-verte ("Les Verts") unit l'Union pour la Solidarité de Taiwan (Taiwan Tuanjie Lianmeng 台灣團結聯盟) et le Parti pour l'Indépendance de Taiwan (Jian Guo Dang 建國黨) aux côtés du DPP, opposés à l'idée de la reconnaissance d'une seule Chine résumée par le slogan "un pays, deux systèmes" (en vigueur à Hong-Kong et Macao depuis 1997).

Du côté des votes, le pays est traditionnellement divisé entre le Nord Bleu et le Sud Vert, ceux qu'on appelle "Taiwanais de souche" verts (c'est-à-dire pour faire très simple, ayant leurs origines à Taiwan avant l'arrivée de Tchang Kai-Shek ; bensheng 本省) et ceux qu'on dit "Emigrés" bleus (arrivés avec le KMT en 1949 ; waisheng 外省).

Ma Ying-Jeou, "révolutionnaire" ?
馬英九將會進行台灣大改革嗎?

jeudi 9 décembre 2010

Photos d'artistes à Bao'An

Après l'expo auto-moto, nous avions rendez-vous avec des amis de Yizhe. Ils nous ont invités à les accompagner pour une séance photo à Bao'An, une petite ville dans les environs de Tainan. Nous avons  alors enfourché notre fidèle destrier "Loup sauvage" et cavalé jusqu'à la gare de ladite Bao'An.
Là, nous avons attendu Thérèse -ancienne étudiante de mon ami Hélio à l'université Cheng-Kung- et Davy, le nouvel assistant de français à Cheng-Kung. En tout, nous étions peut-être bien une vingtaine à faire nos photos. 
Gare de Bao'An (je ne sais pas de qui est la photo)
Le spot principal de cet après-midi était un ancien fortin militaire, aujourd'hui transformé en une sorte de petit parc. Là, les vieilles dames et les vieux monsieurs du coin prennent l'air, papotent et jouent aux cartes ou au mah-jong à l'ombre des ficus dont la barbe abondante se balance au rythme de la brise. Un temple de la dolce vita en quelque sorte. Un des arbres abrite une cabane en bois où on écoute la musique de Deng Lijun (Teresa Teng), grande star de la chanson des années 80. En bas, une maison s'est transformée en musée de la vie quotidienne taiwanaise des années 50 à 80 ; un buste de Tchang Kai-Chek y trône, encadré de drapeaux du Guomindang (toujours utilisé aujourd'hui en tant que drapeau national). Le maître des lieux nous a fait signer une pétition contre la démolition de son coin de paradis nostalgique.
Barbe Rousse

La cabane dans le ficus
Ah-Ma 阿媽


Nous y avons passé un long moment. Vers 16h, la faim se faisant sentir, nous avons quitté les lieux pour nous offrir des "galettes à l'oignon" (cong you bing 蔥油餅). La prochaine étape était une maison de thé. Mais, hélas, nous avons trouvé porte close et avons du avancer l'heure du départ.


mercredi 8 décembre 2010

Expo Moto à Southern Taiwan University of Technology


Aujourd'hui 27 novembre, le campus de la Southern Taiwan University of Technology (南台科技大學) a été investi par toutes sortes de motos, scooters, vélos, voitures familiales et voitures de sport.
L'exposition -en particulier la zone "moto"- a attiré un large public. 
Il faut savoir que les deux-roues font partie intégrante de la vie du Taiwanais moyen. Vous ne trouverez pas un étudiant, un employé de banque, un vendeur de petit-déjeuner qui n'a pas son scooter personnel. Aussi, la route - et les trottoirs, pour le peu qu'il y en aie- est envahie par ces engins. Ici, il est plus sûr de circuler en scooter qu'à pied, et on ne fait pas 1km sans sa moto ! Et pour cause : c'est la "petite épouse" de ces messieurs... 
L'exposition présentait les nouveautés de chaque marque automobile : taiwanaises (SYM 三陽, Kymco 光陽), japonaises (Yamaha, Nissan, Honda), coréennes (Hyundai), allemandes (BMW, Mercedes-Benz), françaises (Peugeot), etc ; tout le monde était réuni là ! (mais tiens, pas de chinoises ?). Bien sûr, quelques ambassadrices en mini-jupe de cuir étaient également au rendez-vous ; que serait une exposition moto sans ses la mei 辣妹 (les petites sœurs hot)  !?
Il y avait aussi une zone dédiée à la personnalisation ("customisation" pour faire un anglicisme) de ces épouses de fer. Vive les stickers, le bling-bling, les phares en forme de coeur, les amortisseurs rouge sang !

Voici le diapo !

jeudi 2 décembre 2010

選舉期好吵! - Tintamarre électoral


Ces dernières semaines, les rues de Tainan, Kaohsiung,  Taichung, Taipei et Xinbei  (New Taipei city) ont résonné des annonces des candidats aux élections municipales du samedi 27 novembre 2010. "Résonné", oui ! Tous les jours, de petites voitures armées de hauts-parleurs ont répété sans cesse les slogans de leur candidat. L'une d'entre elles suppliait 《拜託,拜託》 "S'il vous plaît, je vous en prie !" ("...votez pour moi ?!"), et, je dois l'avouer, me fatiguait légèrement les tympans.
C'est dire si les Taiwanais sont actifs lors de leurs campagnes électorales. Des voitures à hauts-parleurs donc, mais ce n'est pas tout. Ici, les affiches de propagande sont immenses ! 4 mètres sur 2, au bas mot. On les voit partout. Au fur et à mesure qu'on se rapproche de la date fatidique, les trottoirs qui bordent les parcs s'ornent de petits drapeaux à l'effigie du candidat. Et, bien évidemment, des meetings et autres défilés sont organisés la semaine précédent les élections. Des "supporters" montés sur le toit de camions agitent frénétiquement leurs fanions en criant les slogans ("Je vous en prie !!!!"), et d'autres distribuent des tracts aux feux rouges.

Politiquement parlant, les élections des Cinq grandes Villes du pays (五都選舉) sont très importantes, particulièrement celle de Taipei. Élire son maire, c'est presque élire son Président. Autrement dit, les élections municipales donnent la tendance des élections présidentielles, et les deux principaux partis  (le Kuomintang, parti nationaliste 國民黨 -bleu- et le Parti démocrate progressiste 民進黨 -vert) se font donc une guerre sans merci à cette occasion.

Photo de classe


Vendredi 26 novembre après-midi, c'était opération photo de classe pour les 4ème année du Département d'Ingéniérie Chimique de la Southern Taiwan University of Science. 
Comme je sais bien que les Taiwanais sont fans de photos, j'ai accompagné Yizhe à ce rituel inévitable de futur nouveau diplômé...
Rien à voir avec nos photos de classe de lycée, prises en deux trois mouvements debout ou assis sur les bancs de la cour. En France, c'est la simplicité et la rapidité qui comptent. Pas la qualité. On se met en place, on se tient droit, on sourit et hop, clic clac ! Voilà, point. A la fin, on choisit entre deux photos médiocres, celle où on ferme les yeux ou celle où nos camarades ont une mine affreuse.

Yi-Zhe et Meng-Han
Les Taiwanais sont beaucoup plus exigeants et inventifs. Pas de banc ni de rangées   strictes. Pas de fond tristounet genre "sous le préau" ou "devant l'olivier moribond de la cour de récré". Ici on s'assoit nonchalamment sur les marches, au soleil. Ici, on sourit bien sûr, mais on prends aussi des airs un peu plus originaux. Ici, on fait le tour du campus, on se monte dessus, on fait des photos en petits groupes allongés dans l'herbe, on met sa blouse de chimiste ou on enfile l'habit noir de "graduate" américain. L'ambiance est décontractée et le photographe est efficace. On peut être sûr qu'il n'y aura pas de photo ratée.