Avant les résultats des élections, laissez moi planter le paysage. A Taiwan, on peut dire que la politique se résume à deux partis :
Le Kuomintang (KMT), littéralement "parti nationaliste", Guo Min Dang 國民黨. Créé en Chine par Sun Yat-Sen après la révolution de 1911 qui établit la République de Chine, le parti suit à l'époque les "Trois Principes" qui sont démocratie, socialisme et nationalisme anti-impérialiste. Après s'être entendu avec le Parti Communiste Chinois pour mater les seigneurs de la guerre, le KMT, alors dirigé par le général Tchang Kai-shek, se retourne contre ses alliés communistes et il s'ensuit une guerre civile parti contre parti qui dure jusqu'en 1949. Cette année là, Tchang Kai-Shek s'enfuit à Taiwan avec ses troupes et ses partisans ; il y maintient le gouvernement de la République de Chine, en faisant ainsi scission avec la Chine communiste de Mao (République Populaire de Chine). Voilà pour la petite histoire. Aujourd'hui, le KMT pratique une politique de rapprochement avec la Chine continentale. Taiwan est sous un gouvernement KMT depuis les élections présidentielles de 2008, qui ont vu le candidat du parti Ma Ying-Jeou (馬英九) devenir le nouveau président de l'île.
Fils de Taiwan, Chen Shui-Bian |
Le Parti Démocrate Progressiste (DPP), Min Jin Dang 民進黨. Fondé en 1986, le DPP a été le premier parti politique autorisé depuis la fin de la loi martiale en 1987. Le DPP considère que Taiwan est un Etat indépendant et souverain et non pas une province de Chine. C'est seulement en 2000 que le DPP gagne pour la première fois les élections présidentielles, mettant ainsi fin au règne sans partage du KMT sur le pays. Le nouveau président Chen Shui-Bian (陳水扁) entreprend alors des politiques de détachement de la Chine continentale. Les efforts sont timides, mais l'idéologie est là et cela ne plaît pas à la Chine. C'est encore une fois la crise dans le détroit de Formose. En 2008, l'année des élections, Chen Shui-Bian est accusé de corruption et de détournement de fonds ; de même que son épouse, il est jugé et condamné par la justice taiwanaise à la réclusion criminelle à perpétuité.
Les années récentes ont vu la création d'autres partis politiques qui se sont finalement ralliés au KMT ou au DPP afin d'obtenir une visibilité politique et de gagner de l'influence. Deux coalitions ont donc été formées : la coalition pan-bleue ("Les Bleus") rassemble le KMT, le Taiwan First Party (Qing Min Dang 親民黨) et le petit Nouveau Parti (Xin Dang 新黨), favorables au rapprochement avec la Chine ; la coalition pan-verte ("Les Verts") unit l'Union pour la Solidarité de Taiwan (Taiwan Tuanjie Lianmeng 台灣團結聯盟) et le Parti pour l'Indépendance de Taiwan (Jian Guo Dang 建國黨) aux côtés du DPP, opposés à l'idée de la reconnaissance d'une seule Chine résumée par le slogan "un pays, deux systèmes" (en vigueur à Hong-Kong et Macao depuis 1997).
Du côté des votes, le pays est traditionnellement divisé entre le Nord Bleu et le Sud Vert, ceux qu'on appelle "Taiwanais de souche" verts (c'est-à-dire pour faire très simple, ayant leurs origines à Taiwan avant l'arrivée de Tchang Kai-Shek ; bensheng 本省) et ceux qu'on dit "Emigrés" bleus (arrivés avec le KMT en 1949 ; waisheng 外省).
Ma Ying-Jeou, "révolutionnaire" ? 馬英九將會進行台灣大改革嗎? |
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